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besoin, jusqu’auprès de la jeune femme.

Il le vit de loin, Siméon. La nuit était venue, le bonhomme rentrait dans l’hôtel. Patrice le dépassa devant la loge du concierge et l’entendit qui fredonnait.

Patrice demanda au soldat de faction :

— Rien de nouveau ?

— Rien, mon capitaine.

— Maman Coralie ?

— Elle a fait un tour dans le jardin. Elle est remontée il y a une demi-heure.

— Ya-Bon ?

— Ya-Bon suivait maman Coralie. Il doit être à sa porte.

Patrice grimpa l’escalier, plus calme. Mais, quand il parvint au premier étage, il fut très étonné de voir que l’électricité n’était pas allumée. Il fit jouer l’interrupteur. Alors, il aperçut, au bout du couloir, Ya-Bon à genoux devant la chambre de maman Coralie, la tête appuyée contre le mur. La chambre était ouverte.

— Qu’est-ce que tu fais là ? cria-t-il en accourant.

Ya-Bon ne répondit pas. Patrice constata qu’il y avait du sang sur l’épaule de son dolman. À cet instant, le Sénégalais s’affaissa.

— Tonnerre ! Il est blessé !… Mort peut-être !

Il sauta par-dessus le corps, et se précipita dans la chambre dont il alluma aussitôt l’électricité.

Coralie était étendue sur un canapé. L’affreuse petite cordelette de soie rouge entourait son cou. Et cependant Patrice n’avait pas en lui cette étreinte horrible du désespoir que l’on éprouve devant des malheurs