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— Ce n’est pas signé, reprit Bournef, mais, je le répète, l’écriture est de Siméon. Quant à la dame, il s’agit évidemment de Mme Essarès.

— Mais quel danger court-elle ? s’écria Patrice avec inquiétude. Essarès est mort. Donc, rien à craindre.

— Est-ce qu’on sait ? C’était un rude homme.

— À qui aurait-il donné mission de le venger ? Qui poursuivrait son œuvre ?

— Je l’ignore, mais il faut se méfier.

Patrice n’écoutait plus. Il tendit vivement la lettre à M. Desmalions, et, sans vouloir rien entendre, s’échappa.

— Rue Raynouard, et rondement, dit-il au chauffeur, quand il eut sauté dans une auto.

Il avait hâte d’arriver. Les dangers dont parlait le vieux Siméon lui semblaient soudain suspendus sur la tête de Coralie. Déjà l’ennemi, profitant de son absence, attaquait sa bien-aimée. « Et qui pourrait la défendre si je succombe ? » avait dit Siméon. Or, cette hypothèse s’était réalisée en partie, puisqu’il avait perdu la raison.

— Voyons, quoi, murmurait Patrice, c’est idiot… Je me forge des idées… Il n’y a aucun motif…

Mais son tourment croissait à chaque minute. Il se disait que le vieux Siméon l’avait prévenu à dessein que la clef devait ouvrir la porte du jardin de Coralie, afin que lui, Patrice, pût exercer une surveillance efficace en pénétrant, en cas de