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Bon et à ses camarades de redoubler de surveillance, et sortit.

Il ne revint que le soir pour repartir dès le matin, et ce n’est que le jour suivant, vers trois heures, qu’il demandait à Coralie de le recevoir.

Tout de suite, elle lui dit :

— Vous savez ?…

— Je sais beaucoup de choses, Coralie, qui ne dissipent pas les ténèbres du présent — je serais presque tenté de dire : au contraire, — mais qui jettent des lueurs très vives sur le passé.

— Et qui expliquent ce que nous avons vu avant-hier ? demanda-t-elle anxieusement.

— Écoutez-moi, Coralie.

Il s’assit en face d’elle et prononça :

— Je ne vous raconterai pas toutes les démarches que j’ai faites. Je vous résumerai simplement le résultat de celles qui ont abouti. Avant tout, j’ai couru jusqu’à la mairie de Passy, puis à la légation de Serbie.

— Alors, dit-elle, vous persistez à supposer qu’il s’agissait de ma mère ?

— Oui, j’ai pris copie de son acte de décès, Coralie. Votre mère est morte le 14 avril 1895.

— Oh ! fit-elle, c’est la date inscrite sur la tombe.

— La même date.

— Mais ce nom de Coralie ?… Ma mère s’appelait Louise.

— Votre mère s’appelait Louise-Coralie, comtesse Odolavitch.

Elle répéta entre ses dents :

— Oh ! ma mère… ma mère chérie… c’est donc elle qui a été assassinée… c’est donc pour elle que j’ai prié, là-bas.