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la solitude, et c’est ainsi qu’un jour, deux semaines après l’assassinat d’Essarès bey, comme ils passaient devant la petite porte de la ruelle, ils se décidèrent à sortir et à descendre jusqu’aux berges de la Seine. On ne les vit point, les abords de cette porte et le chemin qui y conduit étant cachés par de grands buis, et M. Desmalions explorant alors, avec ses hommes, les anciennes serres situées de l’autre côté du jardin, ainsi que la vieille cheminée qui avait servi aux signaux.

Mais, dehors, Patrice s’arrêta. Il y avait, presque en face, dans le mur opposé, une porte exactement semblable. Il en fit la réflexion, et Coralie lui dit :

— Cela n’a rien d’étonnant. Ce mur limite un jardin qui dépendait autrefois de celui que nous venons de quitter.

— Qui est-ce qui l’habite ?

— Personne. La petite maison qui le domine et qui précède la mienne, rue Raynouard, est toujours fermée.

Patrice murmura :

— Même porte… même clef, peut-être ?

Il introduisit dans la serrure la clef rouillée qui lui avait été adressée.

La serrure fonctionna.

— Allons-y, dit-il, la suite des miracles continue. Celui-ci nous sera t-il favorable ?

C’était une bande de terrain assez étroite et livrée à tous les caprices de la végétation. Cependant, au milieu de l’herbe exubérante, un sentier de terre battue, où l’on devait passer souvent, partait de la porte et montait en biais vers l’unique terrasse, sur laquelle était bâti un pavillon aux volets clos, délabré, sans étage, surmonté d’un tout petit belvédère en forme de lanterne.

Il avait son entrée particulière dans la rue Raynouard, dont une cour et un mur