Page:Leblanc - Le triangle d'or, paru dans Le Journal, du 20 mai au 26 juil 1917.djvu/144

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Qu’est-ce que vous en dites ? interrogea M. Desmalions. Remarquez que l’inscription remonte à plusieurs années… au moins dix ans, étant donné la disposition du lierre qui était accroché là…

— Au moins dix ans…, répéta Patrice, lorsqu’il fut seul avec la jeune femme. Dix ans, c’est-à-dire à une époque où vous n’étiez pas mariée, où vous habitiez encore à Salonique, et où personne ne venait en ce jardin… personne, excepté Siméon et ceux qu’il voulait bien y laisser pénétrer.

Et Patrice conclut :

— Et parmi ceux-là, Coralie, il y avait notre ami inconnu qui est mort. Et Siméon sait la vérité.

Ils le virent, en cette fin d’après-midi, le vieux Siméon, comme ils le voyaient depuis le drame, errant dans le jardin ou dans les couloirs de la maison, l’attitude inquiète et désemparée, son cache-nez toujours enroulé autour de la tête, les lunettes serrées aux tempes. Il bégayait des mots incompréhensibles. La nuit, son voisin, un des mutilés, l’entendit plusieurs fois qui chantonnait.

À deux reprises, Patrice essaya de le faire parler. Siméon hochait la tête et ne