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Élysées, à cette ambulance où vous vous trouviez déjà, blessé, malade ? Pourquoi ? Parce que Siméon m’y a conduite. Il savait que je voulais m’engager comme infirmière, et il m’a indiqué cette ambulance… où il ne doutait pas que les circonstances nous mettraient l’un en face de l’autre…

»  Et puis, réfléchissez… Plus tard la photographie du médaillon, celle qui nous représente ensemble, vous en uniforme, moi en infirmière, n’a pu être prise qu’à l’ambulance… Or, des gens d’ici, de cette maison, Siméon était le seul qui s’y rendît.

»  Vous rappellerai-je aussi qu’il est venu à Salonique, qu’il m’y a vue enfant, puis jeune fille, et qu’il a pu, là, également, prendre les instantanés de l’album ? De sorte que, si nous admettons qu’il ait eu quelque correspondant qui, de son côté, vous suivit dans la vie, il ne serait pas impossible de croire que l’ami inconnu dont vous avez supposé l’intervention entre nous, qui vous a envoyé la clef du jardin…

— Que cet ami fût le vieux Siméon ? interrompit vivement Patrice. L’hypothèse est inadmissible.

— Pourquoi ?

— Parce que cet ami est mort. Celui qui cherchait, comme vous dites, à intervenir entre nous, celui qui m’a envoyé la clef du jardin, celui qui m’appelait au téléphone pour m’apprendre la vérité, celui-là a été assassiné… Aucun doute à ce propos. J’ai perçu les cris d’un homme qu’on égorgeait… des cris d’agonie… de ceux que l’on pousse quand on expire.

— Est-on jamais sûr ?…

— Je le suis absolument. Ma certitude n’est atténuée par aucune hésitation. Celui que j’appelle notre ami inconnu est mort