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— Je l’ignore. J’ignore tout de Siméon. Il vivait ici très à part, et presque toujours dans le jardin, fumant sa pipe, rêvassant, soignant les arbres ou les fleurs avec l’aide de deux ou trois jardiniers qu’il faisait venir de temps à autre.

— Quelle conduite observait-il à votre égard ?

— Là encore, je ne puis rien dire de précis. Nous ne causions jamais, et ses occupations ne le rapprochaient guère de moi. Cependant, j’ai eu quelquefois l’impression que, à travers ses lunettes jaunes, son regard me cherchait avec une certaine insistance, et peut-être même avec intérêt. En outre, dans ces derniers temps, il se plaisait à m’accompagner jusqu’à l’ambulance, et il se montrait alors, soit là-bas, soit en route, plus attentif, plus empressé… à tel point que je me demande, depuis un jour ou deux…

Après un instant d’indécision, elle continua :

— Oh ! c’est une idée bien vague…, mais, tout de même… Tenez, il y a quelque chose que je n’ai pas pensé à vous dire… Pourquoi suis-je entrée à l’ambulance des Champs-