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à la fin du dix-huitième siècle, on venait prendre les eaux de Passy. De la rue Raynouard jusqu’au quai, sur une largeur de deux cents mètres, il descend, par quatre terrasses superposées, vers des pelouses harmonieuses que soulignent des massifs d’arbustes verts et que dominent des groupes de grands arbres.

Mais la beauté du jardin provient avant tout de ses quatre terrasses et de la vue qu’elles offrent sur le fleuve, sur les plaines de la rive gauche et sur les collines lointaines. Vingt escaliers les font communiquer entre elles, et vingt sentiers montent de l’une à l’autre, creusés parmi les murs de soutènement et engloutis parfois sous les vagues de lierre qui déferlent du haut en bas.

Çà et là émergent une statue, une colonne tronquée, les débris d’un chapiteau. Le balcon de pierre qui borde la terrasse supérieure est orné de très vieux vases en terre cuite. On y voit aussi, sur cette terrasse, les ruines de deux petits temples ronds qui étaient autrefois des buvettes. Il y a devant les fenêtres de la bibliothèque une vasque circulaire, au centre de laquelle un enfant lance un mince filet d’eau par l’entonnoir d’une conque.

C’est le trop-plein de cette vasque, recueilli en un ruisseau, qui glissait sur les rochers contre lesquels Patrice s’était heurté au premier soir.

— Somme toute, trois ou quatre hectares à fouiller, dit M. Desmalions.

À cette besogne, il employa, outre les mutilés de Patrice, une douzaine de ses agents. Besogne assez facile au fond, et qui devait aboutir à des résultats certains. Comme M. Desmalions ne cessait de le répéter, dix-huit cents sacs ne peuvent pas