Page:Leblanc - Le triangle d'or, paru dans Le Journal, du 20 mai au 26 juil 1917.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rès que je vois seulement d’où provenaient ces fuites, et qui avait mis debout, à travers toute la France et jusque dans les moindres bourgades, la formidable organisation par laquelle s’écoulait peu à peu l’indispensable métal.

Mme Essarès savait donc ?…

— Non, mais elle soupçonnait beaucoup de choses, et cette nuit, avant votre arrivée, elle en entendit d’autres qui furent dites entre Essarès et ses agresseurs et qu’elle m’a répétées, me donnant ainsi le mot de l’énigme. Cette énigme, j’aurais voulu en poursuivre sans vous la solution complète — c’était, du reste, l’ordre de M. le ministre de l’intérieur, et Mme Essarès manifestait ce même désir — mais votre fougue emporte mes hésitations, et puisqu’il n’y a pas moyen de vous évincer, mon capitaine, j’y vais carrément… d’autant qu’un collaborateur de votre trempe n’est pas à dédaigner.

— Ainsi donc, dit Patrice, qui brûlait d’en savoir davantage.

— Ainsi donc, la tête du complot était ici. Essarès Bey, directeur de la Banque Franco-Orientale, sise rue La Fayette, Essarès bey, Égyptien en apparence, Turc en réalité, jouissait à Paris, dans le monde financier, d’une grosse influence. Naturalisé Anglais, mais ayant gardé des relations secrètes avec les anciens possesseurs de l’Égypte, Essarès bey était chargé, pour le compte d’une puissance étrangère, que je ne pourrais encore désigner exactement, de saigner, il n’y a pas d’autre mot, de saigner la France de tout l’or qu’il lui serait possible de faire affluer dans ses coffres.