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heure-là, et moins encore s’il était dans sa bibliothèque.

— Je le sais, moi.

— Et comment ?

— Je lui ai téléphoné quelques minutes plus tard, et il m’a répondu. Bien plus, et cela pour parer à toute éventualité, il m’a dit qu’il avait téléphoné chez moi, mais qu’on l’avait coupé.

M. Desmalions réfléchit et reprit :

— Est-il sorti ce matin ?

— Que Mme Essarès nous le dise.

Sans se tourner, avec un désir manifeste de ne pas rencontrer les yeux de Patrice, Coralie déclara :

— Je ne crois pas qu’il soit sorti. Les vêtements qu’il portait au moment de sa mort sont ses vêtements d’intérieur.

— Vous l’avez vu depuis hier soir ?

— Trois fois ce matin il est venu frapper à ma porte, de sept heures à neuf heures. Je ne lui ai pas ouvert. Vers onze heures, je partais seule ; je l’ai entendu qui appelait le vieux Siméon et lui ordonnait de m’accompagner. Siméon m’a rejointe aussitôt dans la rue. Voilà tout ce que je sais.

Il y eut un très long silence. Chacun méditait de son côté à cette suite étrange d’aventures.

À la fin, M. Desmalions, qui en arrivait à se rendre compte qu’un homme de la trempe du capitaine Belval n’était pas un de ceux dont on se débarrasse facilement, reprit, du ton de quelqu’un qui, avant d’entrer en composition veut connaître exactement le dernier mot de l’adversaire :

— Droit au but, mon capitaine, vous échafaudez une hypothèse qui me semble très confuse. Quelle est-elle au juste ? Et