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sur le magistrat, avide d’une réponse qu’il voulait entendre une seconde fois avant de l’admettre comme certaine.

— Oui, dans sa main. J’ai dû desserrer les doigts crispés pour l’en arracher.

Le capitaine se dressa et, frappant la table du poing, il s’écria :

— Eh bien, monsieur, je vais vous dire une chose que je réservais comme dernier argument, pour vous prouver que ma collaboration n’est pas inutile, et cette chose devient d’une importance considérable après ce que nous venons d’apprendre. Monsieur, ce matin, quelqu’un m’a demandé au téléphone, et la communication était à peine établie que ce quelqu’un, qui semblait en proie à une vive agitation, a été l’objet d’une agression criminelle, dont le bruit m’est parvenu. Et, au milieu du tumulte de la lutte et des cris d’agonie, j’ai entendu ces mots que le malheureux s’acharnait à me transmettre comme des renseignements suprêmes : « Patrice… Coralie… Le médaillon d’améthyste… oui, je l’ai sur moi… le médaillon… Ah ! trop tard… j’aurais tant voulu !… Patrice… Coralie… »

»  Voilà ce que j’ai entendu, monsieur, et voici les deux faits qui s’imposent à nous. Ce matin, à sept heures dix-neuf, un homme a été assassiné, qui portait sur lui un médaillon d’améthyste. Premier fait indiscutable. Quelques heures plus tard, à midi vingt-trois, on découvre dans la main d’un autre homme ce même médaillon d’améthyste. Deuxième fait indiscutable. Rapprochez les deux faits. Et vous serez obligé de conclure que le premier crime, celui dont j’ai perçu l’écho lointain, a été commis ici, dans cet hôtel, dans cette même bibliothèque, où viennent aboutir, depuis hier soir, toutes les scènes du drame auquel nous assistons.