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femme et le magistrat, et qu’en face de cet accord, il jouait, lui, autant par sa présence que par son zèle, le rôle d’un importun que l’on cherche à éconduire. Il résolut donc de rester sur la réserve, jusqu’à ce que son interlocuteur se fût découvert.

— En effet, dit-il, madame a pu vous renseigner. Ainsi, vous connaissez l’entretien que j’ai surpris hier au restaurant ?

— Oui.

— Et la tentative d’enlèvement dont Mme Essarès a été la victime ?

— Oui.

— Et l’assassinat ?…

— Oui.

Mme Essarès vous a raconté la scène de chantage à laquelle on s’est livré cette nuit contre M. Essarès, les détails du supplice, la mort du colonel, la remise des quatre millions, puis la conversation téléphonique entre M. Essarès et le dénommé Grégoire, et enfin les mesures proférées contre madame par son mari ?

— Oui, mon capitaine, je sais tout cela, c’est-à-dire tout ce que vous savez, et je sais en plus tout ce que m’a révélé mon enquête personnelle.

— En effet… en effet…, répéta Patrice, je vois que mon récit devient inutile, et que vous avez tous les éléments nécessaires pour conclure.

Et il ajouta, continuant d’interroger et de se soustraire aux questions :

— Puis-je vous demander, alors, dans quel sens vous avez conclu ?

— Mon Dieu, mon capitaine, mes conclusions ne sont pas définitives. Cependant, jusqu’à preuve du contraire, je m’en tiens aux termes d’une lettre que M. Essarès