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le déranger, même pour le déjeuner. Madame était un peu souffrante. On lui a servi son chocolat à neuf heures… À dix heures, elle sortait avec M. Siméon. Alors, les chambres faites, on n’a pas bougé de la cuisine. Onze heures, midi… Et puis, voilà que sur le coup d’une heure, on carillonne à la porte d’entrée. Je regarde par la fenêtre. Une auto, avec quatre messieurs. Aussitôt, j’ouvre. C’est le commissaire de police qui se présente et qui veut voir monsieur. Je les conduis. On frappe. On secoue la porte qui était fermée. Pas de réponse. À la fin, un d’eux, qui avait le truc, crochète la serrure… Alors, alors…, vous voyez ça d’ici… ou plutôt non… c’était bien pire, puisque ce pauvre monsieur, à ce moment-là, avait la tête presque sous la grille de charbon. Hein ! faut-il qu’il y en ait des misérables !… Car on l’a tué, n’est-ce pas ? Il y avait bien un de ces messieurs qui, tout de suite, a dit qu’il était mort d’un coup d’apoplexie, et tombé à la renverse. Seulement, pour moi…

Le vieux Siméon avait écouté sans rien dire, toujours emmitouflé, sa barbe grise en broussaille, les yeux cachés derrière ses lunettes jaunes. À ce moment de l’histoire, il eut un petit ricanement, s’approcha de Patrice et lui dit à l’oreille :

— Il faut craindre des choses !… des choses !… Mme Coralie… il faut qu’elle s’en aille… tout de suite… Sinon, malheur à elle…

Le capitaine frissonna et voulut l’interroger, mais il ne put en apprendre davantage. D’ailleurs, le vieillard ne resta pas. Un agent vint le chercher et le mena dans la bibliothèque.

Sa déposition dura longtemps. Elle fut suivie de la déposition de la cuisinière et de la femme de chambre. Puis on se rendit auprès de Coralie.