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L’HOMME DE MARLY

est revenu par la tangente et fout le camp avec notre bagnole.

Les deux policiers se regardèrent un moment, furieux, consternés. Puis Delbot haussa les épaules.

— On le repincera et ça ne traînera pas. Allons toujours voir ce garage où couchait Julot.

Ils arrivèrent à l’auberge. Le patron les regardait venir d’un œil qui était peut-être railleur, peut-être compatissant.

— Vous avez vu votre locataire ? lui demanda brusquement Delbot.

— Non. Mais son copain a repassé ici et il a demandé à monter dans la chambre où couchait Jules le Trône.

— Et vous l’y avez autorisé ?

— J’avais pas de raison pour l’en empêcher.

Delbot, suivi d’Andermatt, s’élança dans l’escalier et entra dans la chambre où le patron de l’auberge les rejoignit presque tout de suite. On voyait du premier coup d’œil que l’armoire à glace avait été fracturée. Un des rayons en était vide.

— C’est là qu’il mettait ses papiers, expliqua le patron. Le copain a tout raflé avant de prendre le large.

— Et l’argent ? interrogea Delbot.

— Autant que je sais, Jules le Trône n’en gardait pas, dans sa chambre. Il nous le confiait à la caisse.

— Une grosse somme ?

— Quatre, cinq cents francs, répondit évasivement le patron. Tout juste de quoi régler sa note.

Les policiers redescendirent, ils trouvèrent facilement à louer une voiture au garage. On la dirigea vers la clairière de la forêt où on chargea le blessé. Le soir même, il couchait à l’Infirmerie du Dépôt.

Les journaux du matin racontèrent, avec un grand luxe de détails, l’expédition de Marly et l’arrestation de Julot, arrestation où le rôle du brigadier Romain Delbot, ce brillant espoir de la Police parisienne, jouait un rôle plus sensationnel qu’il n’avait été en réalité. On glissait légèrement sur l’adresse et le culot du bandit qui était venu s’emparer des papiers et avait fui audacieusement dans la propre auto de la police.

Les informateurs étaient unanimes à reconnaître que les « quatre