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LE SCANDALE DU GAZON BLEU

Le patron eut un regard vers son interlocuteur, comprit sans doute qui il était, et répondit aussitôt :

— Julot le Trône ? C’est celui de gauche, le plus petit ; il fume une cigarette.

— L’autre, qui est-ce ?

— Un camarade à Julot. Je ne sais pas son nom.

— Merci.

La chasse commença aussitôt. Chasse furtive et adroite. Il ne s’agissait pas, pour le moment, de foncer directement sur les bandits et de les avoir en force, il fallait d’abord se rapprocher d’eux, si possible les cerner à leur insu et les capturer quand ils n’auraient plus aucune chance de prendre le large.

Delbot frémissait de joie. Ces moments-là étaient les plus exaltants de sa carrière. Cet as du crime, Julot, allait être à lui. Et par Julot, par les révélations que celui-ci ferait de gré ou de force, le brigadier parviendrait aux « quatre gens du monde » et percerait leur incognito. Il crierait publiquement : « Les voilà ! » Pour eux il avait une haine de chasseur qui a été dupé.

La poursuite continuait, ignorée des deux hommes poursuivis qui ne se retournaient pas, allant toujours vers les bois. Les policiers se défilaient d’arbre en arbre.

— Qu’est-ce qu’ils vont fiche en forêt ? glissa Andermatt à Delbot, comme il le rejoignait derrière un vieux hêtre.

— Promenade quotidienne, paraît-il, question d’hygiène, tu comprends. — Delbot ricana. — En réalité, je suppose que Julot a dû cacher le collier quelque part dans le bois, dans une anfractuosité de pierre, un trou dans un arbre, n’importe où. Alors, ça l’attire, il va lui rendre visite et se rendre surtout compte s’il est toujours là. Tu vois, Andermatt, tout se tient, la filière est bonne, je n’ai pas trop mal manœuvré.

— Mon vieux, tu es un as, répondit Andermatt avec conviction.

Et ce compliment désintéressé d’un collègue qu’il estimait entre tous pour sa bravoure et son habileté fit rougir Delbot de vanité orgueilleuse.

Cependant la forêt devenait plus épaisse et moins aisée la tâche des policiers qui craignaient, en se rapprochant trop, de donner