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LE SCANDALE DU GAZON BLEU

du collier de perles. Cela expliquerait, par la suite, le meurtre de la Pierreuse à qui Julot voulait reprendre son butin. Quand nous tiendrons Julot, nous tiendrons le collier. Par le collier, nous retrouverons la belle dame mystérieuse qui le portait et qui couche si volontiers avec le premier venu.

À cette phrase brutale, Patrice eut l’impression de recevoir un coup de fouet en pleine figure, il faillit se jeter sur l’insulteur, le frapper. Dans un effort suprême, il se contint et trouva même la force de rire.

— Vous avez l’air plus acharné encore contre cette belle dame, ainsi que vous la désignez et, contre ses trois amis, que contre les autres.

Le visage de Delbot durcit, devint presque agressif.

— Oui, dit-il. Les autres, les trois autres, puisque la Pierreuse est morte, je les tiens ou à peu près, tandis que ceux-là restent encore dans l’ombre. Je me suis juré de les en faire sortir. Ils sont plus coupables que les danseuses et que Julot lui-même.

— Ce que vous dites est assez juste, prononça Patrice. Ils méritent toutes les rigueurs de la Justice, mais la découverte du collier ne les démasquera pas.

— Peut-être, ricana Delbot. Mais j’ai mieux, j’ai plus sûr. Isabella affirme qu’elle a vu le sieur Julot inscrire sur sa manchette le numéro de la grosse auto de maître.

Patrice vacillait d’angoisse… C’était la fin… Une fois encore, il eut pourtant le courage d’éclater de rire.

— Tout comme vous il y a quelques instants, brigadier, en bas, en passant derrière la mienne.

Du coup, Delbot ne put dissimuler son embarras. Il s’excusa évasivement :

— Habitude professionnelle, murmura-t-il.

Il y eut encore un silence. Patrice reprit la parole.

— Brigadier Delbot, vous êtes un as, je suis heureux d’avoir fait votre connaissance. Personnellement, je me tiens à votre entière disposition et serai très satisfait s’il m’est possible de contribuer, en vous apportant mon concours, au succès de vos efforts.

— Merci, maître, dit le brigadier d’un ton pénétré.