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LE SCANDALE DU GAZON BLEU

un taxi pour regagner son pavillon de Poissy, je n’ai pas lâché ma bouteille.

— Et qu’est-ce que tu en as fait ? Tu l’as encore ?

— Non.

— Alors. Qu’est-elle devenue ?

— Je l’ai oubliée dans le taxi, avoua Antoine.

Du coup, Patrice ne maîtrisa plus ses sentiments.

— Triple idiot ! Imbécile ! Ah, c’est complet. Si la Police l’a retrouvée… voilà un début de piste qu’elle ne manquera pas d’exploiter ! Un champagne de marque nouvelle qui n’est pas encore dans le commerce… Et tu laisses la bouteille dans un taxi qui te ramène à Poissy. On trouvera ton nom, par ce champagne, on trouvera le mien. Ah, nous sommes propres et par ta faute ! vrai, on peut être bête, mais pas à ce point-là !

Antoine courbait la tête sous l’orage.

— Ben, qu’est-ce que je devais en faire de cette bouteille ?

— L’avaler, pardieu, dit Richard avec un ricanement qui sonnait faux.

C’est le surlendemain de ce dîner, c’est-à-dire trois jours après la nuit maudite du Gazon Bleu, que Patrice, en rentrant chez lui, le soir, trouva Dominique évanouie sur le parquet de sa chambre.

Fou d’angoisse, oubliant tout ce qui n’était pas son profond amour pour la jeune femme, il la releva et l’étendit sur son lit avec l’aide de la femme de chambre effarée qu’il avait appelée en hâte. Puis il courut dans son bureau où était le téléphone et appela le docteur Mauger, un jeune médecin des hôpitaux, du plus grand avenir et un de ses meilleurs amis intimes.

Le docteur Mauger vint immédiatement. Il examina Dominique qui avait repris connaissance et s’était déshabillée, puis couchée.

Quand le médecin eut terminé son examen, il quitta la chambre de la malade, rédigea une brève ordonnance dans le bureau de Patrice et rassura celui-ci.

— Mon cher ami, tranquillise-toi, ta femme n’a rien de grave. Mais elle a dû éprouver un choc moral, être en proie à des préoccu-