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V

Les quatre amis

Le long des quais, dans la nuit épaisse l’auto roulait vers Passy. Dominique et Patrice ne se parlaient pas. Qu’auraient-ils eu à se dire ? Du reste la fatigue, après tant d’émotions et si peu de sommeil, les écrasait.

Chez eux, ils se couchèrent vite et dormirent jusqu’au matin d’un sommeil lourd, accablé, sans rêves.

Patrice devait plaider au Palais ce jour-là. Il se leva, fit rapidement sa toilette et avant de sortir vint retrouver Dominique restée dans son lit.

L’avocat après ces quelques heures de repos avait reconquis sa lucidité, sa maîtrise de soi. Il eut un regard admiratif pour la jeune femme, si séduisante dans le négligé et l’alanguissement du réveil. Voyons, qu’y avait-il entre eux ? N’était-ce pas un cauchemar que le matin allait dissiper, un hideux cauchemar d’une nuit et d’une journée ?

Mais non ! la réalité était là ! Ce n’était pas un mauvais rêve. Il fallait parer à la menace suspendue sur eux…

— Dominique, dit-il, d’une voix calme, familière, en même temps sérieuse et volontaire, tu n’oublies pas, n’est-ce pas, que Richard et Antoine doivent ce soir dîner ici ?

Il fit une pause, attendant une réponse. Dominique n’en fit aucune. Il continua :