Page:Leblanc - Le Scandale du gazon bleu, 1936.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
26
LE SCANDALE DU GAZON BLEU

étreinte de hasard, dans des bras qui n’étaient pas les siens… Le seul fait de pouvoir en douter le rendait fou… Il oubliait que lui-même,… à la même minute, avec une autre femme… Il cria :

— Alors, tu t’es donnée ! Tu as fait cela toi ! Ce n’est pas vrai ! Toi ! toi ! tu as fait cela !

Il râlait presque, pantelant. Dominique une seconde essaya de se ressaisir, de protester.

— Mon chéri, mon chéri… Je te jure, c’est à toi que j’ai appartenu. J’en suis sûre. Jamais je n’aurais consenti !…

— Tu mens ! Pas plus que moi tu ne savais ce que tu faisais ! Tu viens de me le dire toi-même ! Quelques secondes d’aberration ! Tu t’es livrée au premier venu, à celui qui était là ! Avoue ! Avoue donc !

De nouveau, il l’avait saisie. Il lui broyait les bras et les poignets dans l’étreinte de ses mains furieuses. Il lui arracha ses derniers lambeaux de vêtements, la mit nue… et s’effondra en sanglotant.

— Ah, ton corps… ton beau corps !… mon beau corps que j’aimais tant… À un autre ! Tu l’as donné à un autre !…

Il resta à ses pieds, secoué de longs sanglots, la tête cachée dans ses mains.

Dominique avait, sur le lit, saisi une couverture dont elle s’était enveloppée. Maintenant elle demeurait là, debout, immobile, inerte, anéantie, les yeux fixes, dilatés, sans une larme. Il semblait qu’elle ne réalisât pas toute la signification de ce qui avait eu lieu. Par moments de grands frissons la secouaient toute.

Patrice se releva enfin. Il fixa son regard sur elle et tout à coup demanda :

— Ton collier de perles ?

D’une voix indifférente, comme si elle n’attachait aucune importance à l’événement, elle répondit en se rasseyant sur son siège :

— Volé… Je suppose qu’on m’a fait saigner en me l’arrachant.

Patrice eut un recul d’épouvante et d’horreur.

— Volé… Volé.. mais ce ne peut être que par l’homme… le mécanicien… celui qu’on appelait Julot… Alors… Alors, c’est celui-là ?…

Dominique, dans une révolte, cria :

— Non ! non, je te dis ! Ce n’est pas vrai ! Ce n’est pas possible.