Page:Leblanc - Le Scandale du gazon bleu, 1936.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
LE SCANDALE DU GAZON BLEU

— J’ai à vous demander, continua le policier, en remerciement de ce que j’ai fait pour vous, oui, je n’en ai pas eu l’air, mais tout de même…

Patrice le regarda étonné ; il ne pouvait s’agir d’une demande d’argent, étant donné le caractère de l’homme et ses fonctions officielles. Alors, quoi ?…

— Je vous écoute, dit-il, que puis-je pour vous ?

Le policier se leva et répondit, non sans dignité :

— Mon cher maître, je tiens à votre estime. Dites à Romain Delbot que vous le considérez comme un honnête homme et donnez-lui la main.

— Volontiers, dit Patrice sans hésiter.

Et il ajouta :

— Vous avez l’étoffe d’un grand policier.

Delbot ne vit pas, ou ne voulut pas voir l’ironie, il serra la main que Patrice Martyl lui tendait et s’en alla, reconduit par l’avocat jusqu’à l’antichambre.

Patrice revint lentement vers son bureau. Il songeait à cet homme qu’il ne devait plus revoir, sinon par le hasard d’une rencontre professionnelle, au Palais de Justice… Cet homme qui lui avait fait tant de mal, qui avait désiré lui en faire plus encore… et dont il venait d’accepter, en somme, la clémence humiliante.

C’était chèrement payer la paix reconquise mais cette paix-là, maintenant, était immuable. Rien ne restait plus de l’affaire du Gazon Bleu. Rien, sinon un souvenir…

Dominique, qui était assise sur le divan semblait perdue dans ses pensées. Elle sourit en voyant entrer Patrice.

— Eh bien, lui dit-elle, l’ennemi a mis bas les armes. Delbot ne nous menace plus, il a reçu l’ordre sans doute de tirer définitivement le rideau sur cette triste histoire.