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LA FEMME D’UN SEUL HOMME

— Vous savez quoi ?

— L’identité de tous les acteurs du Gazon Bleu, dit nettement Delbot, les yeux fixés sur ceux de l’avocat.

— Ah ! dit Patrice. Grand bien vous fasse, mais ça ne m’intéresse pas.

— Si, mon cher maître, ça vous intéresse, affirma posément Delbot.

Patrice haussa les épaules.

— Vous voulez insinuer que j’en suis ? Prenez garde !…

— Mon cher maître, ne nous fâchons pas. Vous m’interrogez, je réponds. Oui, vous en êtes. Ah, voyons ! j’avais même presque votre aveu quand vous vouliez vous suicider.

— Ah ! et quels sont les autres ? demanda Patrice sans répondre à ces derniers mots.

— Il y avait une dame.

Le policier désigna, du geste, Dominique :

— Madame. Les deux autres messieurs : vos amis Antoine Ganet et Richard L’Heurois.

Patrice dit d’un ton railleur :

— Il est facile de les calomnier ceux-là, ils sont en Amérique.

— Je le sais, mon cher maître, et d’autant mieux que c’est grâce à eux, grâce à monsieur L’Heurois surtout, que j’ai pu atteindre toute la vérité. Dois-je vous la dire ?

— Oui, dit Patrice, résolu cette fois à en finir complètement. Asseyez-vous et dites ce que vous avez à dire.

— Merci, mon cher maître, fit Delbot en prenant un fauteuil.

Il parut réfléchir un moment et commença sans se presser, de l’air d’un orateur qui ménage ses effets :

— Alors, voilà ! Vous comprenez bien qu’après l’expédition de Meudon, le chantage exercé contre vous et contre M. L’Heurois, tout ce qui s’est passé enfin avant la mort de Julot, j’étais fixé. Le dernier des naïfs eût compris. Je savais donc les démarches de Julot. Je le filais depuis une huitaine et si je ne l’ai pas arrêté avant le jour de Meudon, c’était pour savoir de quoi il retournait exactement. Bon. Julot premier est mort, mais alors Julot II, Jules Caboche a reparu sur la scène. Il s’était évadé. Vous savez, il y a des cas