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ÉPILOGUE

La femme d’un seul homme

Pour les Martyl, revenus à Paris, la vie recommença, la vie d’autrefois. C’est avec une joie sans mélange que Patrice reprit son rôle de grand avocat, à qui toutes les ambitions sont permises. Sa profession qu’il aimait tant, sa notoriété qui le flattait, ses triomphes dans le prétoire, tout cela qui avait failli sombrer dans une heure de folie, dans un scandale répugnant, sinistre et ridicule, tout cela survivrait. Quelle joie, quel bonheur de retrouver tout cela !

Dominique, elle, avait recouvré la sérénité de l’âme, la fierté d’elle-même. Elle avait chancelé au bord de l’abîme, elle n’y était pas tombée. Même dans la folie passagère du champagne, de la griserie sexuelle, sa conscience obscure d’honnête femme avait veillé.

C’était dans les bras de Patrice, dans les bras de son mari qu’elle était tombée, pâmée.

Oui, l’ouragan avait passé, la crise était finie. Tout rentrait dans l’ordre…

Hélas, le destin ne se prête jamais à nous satisfaire pleinement. Il ne comble pas toutes nos exigences. Sournoisement, cruellement, il mêle toujours une goutte de fiel à ce qui paraît le plus doux, le plus stable, le plus complet.