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LE SCANDALE DU GAZON BLEU

Patrice hésita une seconde encore, puis il posa nettement la question décisive. Pâle, regardant de face son interlocuteur, il demanda d’une voix sourde qui ne tremblait pas :

— Alors, au Gazon Bleu, moi ?…

— Vous ? Votre dame ne vous a pas lâché. Je voyais ça à quelques mètres des arbres où j’étais caché.

— Vous nous avez vus ? demanda Dominique pâle de honte, mais voulant vider complètement l’abcès.

— Je vous ai vue, comme je vous vois maintenant. Je vous ai vus tous les deux, vous ne vous êtes pas lâchés. Madame était cramponnée à monsieur. Même qu’au commencement, y a le grand, le Richard qui a tiré madame par la main. Mais d’un coup de coude, votre mari l’a envoyé dinguer malgré qu’une des colombes essayait de l’entraîner. Ça n’a pas collé, alors les deux autres se sont rejoints et vous et votre dame vous êtes restés dans les bras l’un de l’autre. Même que j’entendais comme je voyais. Elle vous disait : « Ah, mon chéri ! mon chéri ! », et puis : « C’est fou ce qu’on fait ! » ou quelque chose comme ça…

Patrice et Dominique n’écoutaient plus.

Oubliant la présence de ce voyou qui venait de se complaire à leur donner des précisions si crues, si gênantes mais si bienfaisantes, ils s’étaient rapprochés et leurs regards s’unissaient maintenant avec un ravissement où il y avait du triomphe.

— Tu vois, tu vois, je le savais bien, moi, que c’était toi, murmura Dominique tremblante de joie.

Patrice revint à l’homme, lui posa d’autres questions, cherchant à l’amener à des contradictions, à des hésitations.

Mais Jules Caboche était parfaitement sûr de lui. Sans se reprendre, sans hésiter, il précisa les détails, indiquant l’emplace-