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LE SCANDALE DU GAZON BLEU

d’août. Un lundi matin, Patrice retourna à Paris, pour affaires.

Dominique resta seule dans le vaste domaine, avec sa vieille parente dont l’affection tendre et attentive lui faisait tant de bien. Et puis, trois jours après le départ de Patrice, un aide-jardinier s’approcha de Dominique étendue dans le parc sur sa chaise longue, et, mystérieusement, lui remit une lettre.

— On m’a dit de vous la donner à vous-même, madame.

Il s’enfonça dans la charmille.

Dominique, surprise, retourna la lettre, puis l’ouvrit, et lut :

« Je connais vos tortures. Les révélations très graves que j’ai à vous faire les atténueraient, j’espère, en partie. Ce soir, à onze heures, je serai sur le balcon de votre chambre. Je vous supplie de m’y rejoindre et de m’accorder quelques minutes de conversation. Vous serez libérée, je le crois, du plus affreux de vos soucis.

« Respectueusement
« Richard L’Heurois. »

En lisant cette signature, Dominique rougit. Elle savait combien profonde et sincère était l’affection que le jeune homme avait pour elle. Mais elle savait aussi quel désir tenace et ardent doublait cette affection, l’altérait, en faisait un amour sensuel. Elle se souvenait de certains regards de Richard, fixés sur son visage, sur son corps, regards brûlants qui étaient comme l’ébauche d’une possession.

Cependant, elle avait confiance en la loyauté du jeune homme, elle avait confiance aussi en l’empire qu’elle se savait sur lui. Elle ne doutait pas d’ailleurs qu’il ne fût à même de la secourir dans sa détresse…