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— Voyons, c’est me rendre la vie impossible, et me pousser à un acte de violence dont vous seriez un jour la victime, Nathalie et vous-même.

— Je ne m’engage à rien.

— Et si je refuse ? s’écria Forville.

— Le dossier sera demain chez le procureur de la République.

Le dilemme était impitoyable. Il n’y avait rien à faire qu’à s’incliner.

Nathalie, qui ne lâchait pas Forville du regard, surprit dans ses yeux une lueur de haine effroyable. Il cherchait autour de lui, comme s’il attendait le secours de quelque miracle impossible. Il avait tout perdu en une heure, ses espoirs de mariage ou de conquête violente, les quelques vestiges de sa fortune, sa situation, l’estime tout au moins de la femme qu’il aimait. Il ressemblait à une bête traquée, qui tourne sur elle-même et qui piétine entre ses agresseurs.

Maxime avait ouvert la porte et, d’un geste large, lui montrait le chemin.

— Par ici la sortie, mon cher Forville. Et puis un conseil, ne t’obstine pas. J’ai l’impression que tu t’en vas avec des idées pas très catholiques. C’est un tort. Entre Ellen-Rock et moi, tu seras brisé comme verre. À bon entendeur…

Il salua. Forville passa devant lui d’un trait, en courant presque.

— Et d’un ! s’écria Maxime. Je crois vraiment que nous lui avons arraché les griffes.

Il respira largement, fit deux ou trois mouvements de boxe dans le vide, et conclut :

— Aux autres maintenant. Ellen-Rock, si vous avez du temps à perdre, pas moi. Je vais chercher l’auto, car il faut veiller au grain et préparer la suite du drame. Ah ! on ne chôme pas dans le métier ! Nathalie, mes hommages…



III

Attaques et contre-attaques

— Un mot seulement, dit Ellen-Rock à Nathalie, comme celle-ci, après avoir remercié, se disposait à partir. Ce sera bref. Voici. J’ai senti tout à l’heure que nous différions d’opinion.