— Monsieur dit ?
— Je dis fichtre ! Ce qui signifie, en l’occurrence, que vous êtes rudement jolie ! Vous avez dû remarquer d’ailleurs, Amélie, depuis le premier jour, que je vous trouvais à mon goût…
— Monsieur plaisante…
— Je ne demande, en effet, qu’à plaisanter, Amélie. Pourquoi n’est-ce pas vous qui apportez mon chocolat, le matin ?
— C’est le rôle du maître d’hôtel, monsieur.
— J’ai horreur de cet individu. Il y a longtemps qu’il est au château ?
— Quinze jours, comme moi. Nous sommes arrivés la semaine d’avant monsieur.
— Eh bien, il a la figure qui ne me revient pas. Tandis que la vôtre est charmante, Amélie. Et puis, vous sentez rudement bon…
— Quelle chance ! dit-elle en riant.
— Un parfum dont je raffole… « Le clair de lune sous la roseraie en fleurs après un jour de pluie »… C’est un peu long mais capiteux.
— Le parfum de madame.
— Je m’en doute. Et comme je ne peux pas embrasser madame…
D’un geste vif, il embrassa dans le cou Amélie, qui ne chercha pas trop à se dérober. Malheureusement, le maître d’hôtel entrait à la seconde précise, les mains chargées du plateau de café.
« Cré bon sang ! » s’écria-t-il.
Boisgenêt se mit à rire.
— Pas de veine ! Je chipe des cigares, la bonne survient. J’embrasse la bonne, le domestique surgit.
— Eh bien, vous en avez du culot, vous ! proféra le maître d’hôtel qui, s’étant débarrassé du plateau, se planta