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— Ne pensez-vous pas que le voleur espérait s’emparer, au lieu de cela, d’un dossier contenant des documents qui pouvaient être compromettants pour une famille riche ?… Vous avez sans doute des dossiers de ce genre…

— Mon Dieu, les affaires, c’est toujours compromettant pour quelqu’un, répondit évasivement M. Bauman.

— Arrivons au vol de l’automobile. Que savez-vous à ce sujet ?

— Rien, absolument rien. Je suis descendu pour prendre ma voiture afin de venir ici. Elle avait disparu et mon chauffeur aussi.

— Quel est le numéro de votre voiture ?

— Le numéro 126694.

— Qu’est-ce que vous dites ? cria Max Lamar qui avait violemment sursauté.

— Je dis le numéro de ma voiture : 126694.

— C’est le numéro que j’ai noté : c’est la voiture sur laquelle j’ai vu la main marquée du Cercle Rouge, dit à mi-voix Lamar au chef de police. C’est une limousine à capote grise, à carrosserie peinte en vert sombre, n’est-ce pas, monsieur Bauman ? reprit-il tout haut.

— C’est exact.

— Vérifiez vous-même le numéro, dit le policier, en tendant à l’usurier la carte où Lamar l’avait inscrit.

— Volontiers, mais de quoi s’agit-il ? Quel est cet incident nouveau ? demanda M. Bauman, en prenant la carte.

Pour mieux lire, il s’approcha de la fenêtre, mais ses émotions l’avaient fort agité et ses mains tremblantes laissèrent échapper la carte. Il se baissa pour la ramasser, et, dans ce mouvement, se trouva face à la rue.

M. Bauman, comme mu par un ressort, se redressa soudain.

— Là ! là ! mon auto, hurla-t-il en montrant la rue. Sapristi, mon auto qui passe !

Tous se précipitèrent. Le doigt tendu de M. Bauman leur indiquait, au dehors, une auto qui filait au milieu de toutes les autos sillonnant la chaussée. Max Lamar reconnut, lui aussi, la capote grise, la carrosserie vert sombre.

— Vite, vite, il faut la suivre ! cria-t-il.

Accompagnés du caissier de la banque et laissant là le malheureux Larkin, qu’un gardien dut mettre à la porte quelques minutes après, car il n’osait prendre sur lui de s’en aller, Max Lamar, Randolph Allen et M. Karl Bauman s’élancèrent dans l’escalier.

Dans la rue, en bas de la station de police, un agent était de planton, avec, auprès de lui, sa motocyclette appuyée au bord du trottoir.

Randolph Allen lui toucha l’épaule.

— Suivez cette auto à capote grise, ordonna-t-il, en indiquant la voiture qu’on voyait encore, là-bas, s’éloigner rapidement. Elle porte le numéro 126694 et sa carrosserie est peinte en vert sombre.

— Bien, monsieur. Dois-je l’arrêter quand je l’aurai rattrapée ? demanda l’agent en enfourchant sa machine.

— Non, filez-la seulement. Surtout ne la perdez pas de vue. Nous-mêmes, nous allons vous suivre.

La motocyclette partit comme un trait.

Du garage situé au rez-de-chaussée de la station centrale de police, l’auto du chef, que l’on tenait toujours prête à partir, sortit au même instant et vint se ranger au bord du trottoir.

Les quatre hommes y prirent place.

La poursuite commença.

Au loin, la voiture volée apparaissait et disparaissait, évoluant avec aisance au