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Dans l’office, Yama, fredonnant un air de son pays, était en train de frotter méthodiquement l’argenterie et les couteaux qu’il rangeait ensuite dans leurs écrins. Et, à mesure, il plaçait ceux-ci dans une valise de cuir. Des paquets déjà ficelés étaient autour de lui.

— Oh, oh ! se dit Sam Smiling, voilà qui sent le départ. Est-ce que Miss Barden aurait l’intention de me fausser compagnie ?

Son attention redoubla.

Tandis que Yama achevait sa besogne, Florence, suivie de Mary, entra dans l’office.

Toutes deux étaient en costume de voyage.

— Yama ! dit Florence, nous partons tout de suite. Vous resterez aujourd’hui encore pour achever d’emballer le linge et l’argenterie. Voici la clef de la grande malle, vous savez bien, la plus grande. Vous ferez le nécessaire pour la faire parvenir à la ville par le chemin de fer.

Yama, respectueusement, s’inclina, et sortit derrière Florence et Mary.

Sam Smiling, qui avait tout entendu, réfléchit quelques instants, puis parut prendre une détermination soudaine.

Il enjamba la fenêtre et pénétra dans la maison.

Pendant ce temps, Mme Travis, Florence et Mary montaient dans l’auto qui les attendait devant la porte.

Yama ferma la portière, salua ces dames et la voiture partit à fond de train.

Resté seul, le domestique obéit aux ordres de sa maîtresse.

Il monta dans les combles de la villa, pénétra dans la mansarde où l’on plaçait les bagages et se mit en devoir de préparer la grande malle.

Comme il se penchait, une main robuste s’abattit sur son épaule et le fit pirouetter.

Il se trouvait en face d’un homme au visage souriant et bonasse, mais dont les yeux luisaient d’une flamme menaçante, et qui tenait dans sa main droite un long couteau.

— Eh bien ! jeune homme, nous faisons nos malles ?

Yama, ahuri, tremblait de tous ses membres.

— Qu’est-ce que nous avons mis dans cette grande machine-là ? Voyons un peu.

Le domestique voulut protester.

— On fait des manières ! dit Sam d’un ton goguenard en brandissant l’arme redoutable. Faut pas de ça, mon petit ! Allons, vidons un peu le contenu de cette malle, allons ! dépêchons ! ou bien gare !

Effrayé, Yama obéit.

Il débarrassa la malle de tous les effets qui s’y trouvaient entassés.