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époques fabuleuses donnait contre la cloison d’immenses coups de bélier qui finissaient par avoir raison de cette dernière. En attendant, nos gaillards sont en train de filer !

Et, lâchant le banc, à demi brisé, dont il venait de se servir avec tant de vigueur, il introduisit sa tête et ses épaules par l’ouverture qu’il venait de pratiquer dans la porte même du réduit. Et, faisant jouer en dedans la targette qui la fermait, il put l’ouvrir toute grande.

Max Lamar se précipita dans le réduit.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pendant ce temps, que s’était-il passé de l’autre côté du décor, si l’on peut parler ainsi ?

Derrière la maison de Sam Smiling se trouvait une vieille palissade qui courait le long d’une allée intérieure qu’elle séparait de terrains vagues. Au milieu de cette palissade, il y avait une sorte de portillon qui pouvait livrer passage aux personnes habitant la maison, notamment les boutiques dont une issue étroite et sombre donnait sur cette allée.

C’est ce portillon que surveillaient avec soin les deux policiers que Max Lamar avait envoyés pour cueillir Sam Smiling, si, par hasard, il échappait à une première surprise.

À travers les planches disjointes, les deux hommes observaient tout ce qui se passait dans l’allée.

À peine, d’ailleurs, étaient-ils à leur poste, qu’ils aperçurent un homme qui, sortant de l’arrière-boutique, qu’on pouvait présumer être celle de Sam, se dirigeait rapidement vers le petit portillon.

Les deux policiers se placèrent de chaque côté et, au moment où l’homme franchissait l’ouverture, ils le happèrent avec la plus extrême facilité.

Cette capture ne faisait pas honneur à la perspicacité de Tom Dunn, car c’était lui.

Le gredin avait sans doute un nombre respectable de comptes à régler avec dame justice. Or, sans trop s’occuper de Sam, il venait de filer, dans le désir très compréhensible de ne pas être mêlé à une aventure qui commençait à mal tourner.

« Chacun pour soi », pensait-il.

Mauvais calcul en l’occurrence. Bien qu’il se débattît comme un beau diable, en protestant qu’il y avait erreur, qu’il était un simple passant, entré là par hasard et curiosité, et qu’il ne comprenait pas quel délit il pouvait bien avoir commis, les deux inspecteurs, insensibles à toute explication, se contentèrent de passer un solide cabriolet aux poignets du jeune drôle.

Et, tandis que l’un d’eux faisait bonne garde auprès de leur capture, l’autre reprit, à travers les planches disjointes de la palissade, la surveillance un instant abandonnée.

Il s’écoula plus d’un quart d’heure avant que l’attention du guetteur pût être enfin récompensée par un résultat.

Mais ce résultat n’était pas celui qu’il était en droit d’attendre.

Les coups terribles que lei policier, à l’intérieur de la maison, portait avec le banc contre les rayons de la boutique, et qui retentissaient jusqu’au dehors, venaient à peine de cesser qu’un homme plein de plâtre et de poussière tomba de l’arrière-boutique dans l’allée et se précipita vers le portillon ; suivi d’un autre homme à peine moins poussiéreux.

L’inspecteur, qui faisait le guet, allait cueillir à leur tour les deux nouveaux venus, quand il reconnut Max Lamar et son compagnon.

C’était eux qui avaient fini, à grand’peine, par trouver l’issue dérobée qui donnait dans l’allée.

— Où sont-ils ? demanda Lamar à l’inspecteur.

— Qui ?

— Les deux hommes, parbleu !

— Il y en avait donc deux ?

— Certes. Sam Smiling et son complice.

— Nous en tenons un, fit l’inspecteur, en montrant Tom Dunn, assis sur une borne et gardé à vue par l’autre policeman.

Max Lamar eut un cri de rage :

— Ce n’est pas celui que nous cherchons !