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lieu duquel on trouva des diamants gros… gros… attendez… comme…

— Comme du charbon ! C’en est, d’ailleurs, dit Max Lamar, en souriant avec indulgence devant le petit accès de vanité du brave policeman. Continuez…

— Alors, j’ai voulu voir dans le soulier. Je l’ai tourné et retourné. Rien. Je me dis : « Le mieux, c’est de couper le talon en deux pour voir si, des fois, il n’y aurait rien dedans. » Et, comme je tenais la chaussure pour y introduire mon couteau, voilà que le talon se déplace un peu. Je force le mouvement, et le truc se dévisse, découvrant, dans le creux, les bijoux que je vous apporte. C’est-il bien travaillé, monsieur Lamar ?

Max Lamar, qui examinait attentivement la chaussure, répondit :

— C’est très bien ! Tous mes compliments ! Je n’en aurais pas fait autant.

— Oh ! monsieur Lamar, vous voulez rire, fit le brigadier modestement.

— Mais, pas du tout. J’aurais dû me méfier, moi aussi, de certaines chaussures semblablement truquées que l’autre jour j’ai eu entre les mains, chez le cordonnier Sam Smiling.

Max se mordit la langue et s’arrêta, craignant d’en avoir trop dit.

Mais au nom de Sam Smiling, un léger cri jaillit des lèvres de Clara Skinner qui, presque aussitôt, porta la main à sa bouche comme pour étouffer sa voix.

— Ça y est ! s’écria Max. Elle s’est trahie ! Elle est bien la complice de Sam Smiling !… Brigadier, emmenez cette femme avec votre policeman. Emprisonnez-la et mettez-la au secret le plus absolu. Quant à nous, mon cher Randolph, nous n’avons pas un instant à perdre.

Il avait aperçu le téléphone.

— Demandez d’urgence trois hommes. Cela suffira. Il ne faut pas trop éveiller l’attention

Randolph Allen communiqua immédiatement des ordres à son bureau.

— C’est pour aller où ? Que comptez-vous faire ? demanda-t-il à Max.

— Prendre le chef de la bande dans son repaire, tout simplement !

Et se frottant les mains, il dit, avec une certaine satisfaction et en se parlant à lui-même :

— Ah ! ah ! monsieur Sam Eagen ; on vous a surnommé le « souriant ». Eh bien ! moi, je vous garantis que vous ne sourirez pas toujours !



XXI

Le siège du fort Smiling


Plus d’une heure s’était écoulée depuis que Clara Skinner avait téléphoné à Sam Smiling pour le prévenir de son arrivée.

Le cordonnier, ne voyant venir personne, commençait à s’inquiéter.

— Clara aurait-elle été victime d’un accident ? Aurait-elle été suivie et arrêtée par la police ?

Cette dernière hypothèse fit sourire le vieux bandit :

— Elle est trop forte pour se laisser pincer. Voilà plus de vingt fois qu’elle passe au travers.

…Et cependant… Cependant, il suffit d’une erreur, d’un mauvais hasard… et les mailles du filet se ferment…

Sam, après s’être promené de long en large dans sa boutique, en proie à une inquiétude croissante, se dirigea avec précaution vers la porte de sa boutique.

Dehors, Tom Dunn faisait le guet en sifflotant paresseusement.

Quand il vit que Sam Smiling regardait dans la rue, il s’approcha négligemment et, comme il passait devant la porte, il pénétra de côté dans la boutique, pareil à une ombre qui s’évanouit.

— Eh bien ! Tom Dunn, rien ?

— Rien !

— C’est incompréhensible.