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Max Lamar et Randolph Allen sortirent et ne dirigèrent rapidement vers le poste de police. Le brigadier les reçut par ces mots :

— Rien, absolument rien ! Mme Jomby n’a pas découvert un seul bijou, pas le moindre objet compromettant.

— Et cette femme, où est-elle ? demanda Max Lamar.

— Elle se rhabille.

— Vous l’avez interrogée ?

— Rapidement. Elle se nomme Clara Skinner. Elle habite 301, Quincy street.

— Je sais… C’est à sa porte que je l’ai cueillie. Écoutez-moi, brigadier. Dès qu’elle aura terminé sa toilette, nous irons avec elle à son domicile. Dites-lui de se hâter.

Randolph Allen demanda :

— Chez elle ? À quoi bon ?

— Mais pour mieux la cuisiner, répondit Max Lamar. J’ai d’ailleurs l’impression que nous ferons peut-être là d’intéressantes découvertes.

Clara Skinner sortait à ce moment du cabinet avec Mme Jomby. Cette dernière, toujours frétillante et aimable, minauda :

— Vous voyez, ma belle enfant, que tout s’est bien passé. Je ne suis pas terrible. Remettez votre manteau… Là… voilà… Allons, au revoir, ma belle ! À bientôt !

— À bientôt, dit Clara, furibonde. J’espère bien n’avoir plus jamais affaire à vous !

— On ne sait jamais ! On ne sait jamais ! Au revoir… messieurs ! Je vous présente toutes mes grâces.

Et Mme Jomby fit une révérence si comique que Max Lamar ne put s’empêcher d’éclater de rire et que Randolph Allen faillit, pour la première fois, laisser se déplacer les muscles de son visage impassible.

— En avant ! dit Max.

— Où m’emmenez-vous ? demanda Clara d’un ton hautain. Je pense que vous devez être fixé maintenant et que vous allez me rendre ma liberté.

— Pas encore ! Une toute petite formalité. Une simple visite à vous faire, chez vous, en gentlemen !

Randolph Allen et Max Lamar prirent les devants ; deux policemen encadrèrent Clara, et la petite troupe se dirigea vers la maison de cette dernière.

Clara Skinner avait espéré un autre dénouement. Elle pensait que la perquisition opérée sur elle n’ayant donné aucun résultat, on lui aurait rendu la liberté. En outre, elle était terriblement inquiète au sujet du paquet contenant les précieuses chaussures. Elle n’avait pas osé le réclamer en quittant le poste, de crainte d’attirer l’attention sur cet objet. Si, comme elle le supposait, la visite domiciliaire qui se préparait se terminait sans ennui, elle comptait bien repasser par le poste et y reprendre le paquet gris… Car enfin, Sam Smiling devait attendre, s’inquiéter…

Oui, que devait penser Sam Smiling ?

Pendant qu’elle se livrait à ces réflexions un peu décousues, la distance fut franchie, qui séparait le poste de police du 301, Quincy street.