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— Vous travaillez avec Sam ? dit à voix basse le jeune homme, tout en valsant.

— Oui. Vous aussi ? C’est bizarre que nous ne nous connaissions pas…

— Je viens du Canada, où j’avais filé pour éviter des ennuis. Je suis passé voir Sam il y a huit jours et je lui ai dit que je venais ici pour ne pas trop me montrer en ville encore maintenant. Alors, aujourd’hui, Tom Dunn est arrivé et il m’a dit d’être à vos ordres, ce soir. Il m’a donné la bague pour que nous nous reconnaissions et m’a raconté le coup du Cercle. C’est joliment bien trouvé de la part du vieux.

— Oui, dit Clara, pour la ruse, personne ne lui arrive à la cheville. Au moment où je montais dans le train, il est venu me dire à la gare que je vous trouverai ici. Où est Tom Dunn ?

— En bas. Il lave les verres. Il s’est fait engager comme extra. On le trouvera si on a besoin de lui.

— Attention ! dit Clara tout à coup. Le couple à gauche : la petite blonde en blanc, avec la broche à son corsage…

Ils firent rapidement deux ou trois tours de valse et, soudain, par un hasard malheureux, entrèrent en collision violente avec le couple que venait de distinguer Clara. La jeune femme en blanc glissa et se tordit le pied, son danseur faillit tomber en la soutenant. Clara et le jeune homme roux se confondirent en excuses qui furent agréées poliment, quoique la jeune femme en blanc se fût tordue la cheville, si bien que son cavalier dut la conduire jusqu’à une chaise un peu à l’écart, dans une galerie ; elle se sentait étourdie et, pour la remettre, il alla lui chercher un verre d’orangeade.

Elle le but lentement, mais elle semblait oppressée et porta la main à sa poitrine.

— Mon Dieu, cria-t-elle tout à coup en devenant plus pâle encore. J’ai perdu ma broche de diamants !

Bouleversée, elle regarda autour d’elle, puis retourna dans la grande salle et se mit à chercher à terre le bijou perdu, aidée de son cavalier, puis de plusieurs autres personnes, mais ce fut en vain.

Clara qui, peu après l’accident, avait quitté le bras de son complice, se mêla à cette recherche avec une si grande ardeur qu’elle heurta par mégarde deux ou trois personnes.

Après quelques minutes, elle vit au seuil d’un petit salon le jeune homme roux qui lui faisait signe de la rejoindra. Elle obéit aussitôt, mais sans hâte.

— C’est l’homme à l’écrin dont je vous ai parlé, murmura-t-il. Il m’a demandé à vous être présenté. Il a déjà bu deux bouteilles de Champagne… Attention n’oubliez pas ; ici, je m’appelle Davis… et vous êtes ma sœur. Maud Meldon.

Clara répondit par un regard significatif. Elle avait compris. Le jeune homme roux