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D’Argine. — Elle vous allait horriblement mal !

Marie-Thérèse. — Merci.

D’Argine. — Ce qui ne vous empêchait pas d’être ravissante ! Vous aviez des cheveux blonds…

Marie-Thérèse. — Je les ai encore.

D’Argine. — Un sourire exquis, des yeux naïfs…

Marie-Thérèse. — Nez moyen, bouche moyenne, c’est un signalement.

D’Argine. — Et, un tel air de douceur et de bonté ingénue qu’on ne pouvait vous regarder sans une certaine émotion.

Marie-Thérèse, concluant. — Et voilà pourquoi vous êtes revenu de la chasse.

D’Argine. — Voilà pourquoi.

Marie-Thérèse. — Depuis trois mois vous aviez de moi cette opinion flatteuse, et vous la gardiez si jalousement que je ne m’en suis jamais aperçue. Mais, tout à coup, entre un champ de betteraves et un carré de luzerne, vous avez reconnu qu’il était impossible de la conserver plus longtemps en vous.

D’Argine. — D’autant plus impossible que la pluie faisait rage.

Marie-Thérèse. — Mais savez-vous que tout cela est fort aimable, et que je voudrais vraiment vous en remercier !

D’Argine. — Moi aussi.

Marie-Thérèse. — Est-il une récompense qui puisse vous tenter ?

D’Argine. — Je ne vois pas… (Il réfléchit.) Si, pourtant… (Montrant du doigt.) Ce petit cahier…