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a un mouvement instinctif comme pour reprendre un objet. Elle éclate de rire.) Ah çà ! mais, qu’y a-t-il ? Vous avez l’air tout chose. Voulez-vous une tasse de thé ?

D’Argine. — Ah ! par exemple, avec plaisir, surtout s’il est bien chaud.

Marie-Thérèse. — Bouillant ! (Elle lui offre du sucre, puis penche la théière. Désolée.) Ah ! mon Dieu, j’oubliais, il n’y en a plus.

D’Argine, distraitement. — Ça ne fait rien, pourvu qu’il soit chaud.

Marie-Thérèse. — Mais je vous dis qu’il n’y en a plus, j’ai tout bu…

D’Argine. — Eh bien, pour être franc, je préfère cela… Oui, le thé ne me réussit pas. Et puis je le déteste.

Marie-Thérèse, riant. — En ce cas, je n’insiste point. Mais au fait, monsieur d’Argine, voulez-vous m’expliquer pourquoi vous n’êtes pas à la chasse avec mon père et les hôtes de ce château. Je vous ai cependant vu partir.

D’Argine. — Vous êtes bien cruelle, mademoiselle Marie-Thérèse. Ignorez-vous que la pluie tombe à torrents ?

Marie-Thérèse. — La pluie tombe à torrents pour les autres comme pour vous.

D’Argine. — Mais elle me mouille bien davantage.

Marie-Thérèse. — Par quel miracle ?

D’Argine. — Une faveur qu’elle me fait. Je n en rate pas une goutte… tandis que les autres…