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D’Argine, toujours très ému. — Oui… c’est moi par hasard… Je traversais le vestibule. En voyant ce petit salon, je me suis dit : « Il n’y a aucune raison pour que je n’entre pas dans le petit salon. »

Marie-Thérèse. — Aucune.

D’Argine. — N’est-ce pas ? J’ai donc ouvert la porte… et je suis entré… sans le vouloir…

Marie-Thérèse. — Sans le vouloir ?

D’Argine. — Si, du moins… puisque je suis là.

Marie-Thérèse. — Alors ?

D’Argine. — Alors… je bafouille.

Marie-Thérèse. — Ah ! parfait. Eh bien, remettez-vous.

D’Argine. — Où dois-je me remettre ?

Marie-Thérèse. — Sur cette chaise.

Il s’asseoit. Elle poursuit sa lecture. Un silence. D’Argine, enivré, troublé, regarde de droite et de gauche, déplace des objets sur la table, joue avec la soucoupe d’une fasse de thé, puis contemple Marie-Thérèse.

D’Argine. — À quoi rêve la jeune fille ?

Marie-Thérèse. — Enfin ! vous voilà dans votre assiette ?

D’Argine, de nouveau interloqué, et regardant la soucoupe qu’il tient. — Ce n’est pas une assiette, c’est une soucoupe.

Marie-Thérèse, riant. — Je vous l’accorde… mais dites donc, vous ne me semblez pas tout à fait remis ? Reprenez vos esprits. (Il