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PERSONNAGES

d’Argine, Marie-Thérèse

Un petit salon dans un château. Sur une table le thé est servi, Marie-Thérèse est assise auprès de la table, dans un fauteuil, la plume à la main. Un cahier recouvert de papier rose est ouvert sur ses genoux.

Au lever du rideau, elle écrit. Après un instant, elle dépose sa plume.

Marie-Thérèse, lisant ce qu’elle vient d’écrire. — 3 octobre. — Rien à noter. Toujours cette même existence monotone, sans événements, sans imprévu. À quoi bon continuer ce journal ! (Elle soupire, achève de vider sa tasse de thé et veut s’en verser une autre.) Tiens, il n’y en a plus.

Elle se met à feuilleter son cahier. D’Argine entre sans quelle s’en aperçoive. Il est en costume de chasse, botté, le feutre mou à la main. Il regarde la jeune fille avec émotion, hésite, et s’approche d’elle, doucement, comme pour lui parler… À ce moment précis, Marie-Thérèse relève la tête.

Marie-Thérèse. — Ah ! monsieur d’Argine, c’est vous.

D’Argine, tout à fait interloqué, laissant tomber son chapeau. — Non.

Marie-Thérèse. — Comment non ?

D’Argine. — Oui… je veux dire… c’est moi… jusqu’à un certain point !

Marie-Thérèse — Jusqu’à un certain point ?