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hypocrisie ! Ce qu’elle en casse du sucre sur le dos des gens !

D’Argine, après avoir éloigné précipitamment de lui les morceaux de sucre. — Vous exagérez…

Marie-Thérèse. — Ah ! vous la défendez ! Naturellement… J’ose me permettre une simple petite réflexion sur cette dame, alors tout de suite vous prenez la mouche.

D’Argine. — Je ne prends rien.

Marie-Thérèse. — Mais si, voilà plusieurs fois que je le remarque. Nous n’avons jamais pu nous entendre à ce sujet. Et cela dès le jour de son arrivée ! Ah ! ce jour-là, le 18 septembre, je ne l’oublierai jamais ! Étiez-vous attentif, empressé ! Il n’y en avait que pour elle ! Et la promenade aux ruines, quand je vous ai surpris sa main dans la vôtre !

D’Argine. — Je l’aidais à descendre de voiture.

Marie-Thérèse. — Et le soir, quand vous l’avez emmenée au bout de la terrasse, et que vous lui avez appris l’astronomie ! comme à moi, les autres soirs, les mêmes étoiles, la Grande-Ourse ! la Petite Chèvre !

D’Argine. — J’ai eu tort évidemment… le besoin d’exhiber mes connaissances…

Marie-Thérèse. — Vous ne deviez pas…

D’Argine. — Mais, pour Dieu ! j’ignorais…

Marie-Thérèse, de plus en plus animée. — Vous ignoriez ? Alors que vous êtes venu vers moi sur cette terrasse, et que vous m’avez demandé ce que j’avais contre vous, et que j’étais là, toute tremblante ! et que vous avez deviné mon émotion, mon chagrin, mes larmes !