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(Se remettant à feuilleter.) Mais il y a d’autres passages.

D’Argine. — Avec des commentaires aussi flatteurs et aussi détaillés sur moi ?

Marie-Thérèse, tournant. — 25 juillet… rien sur vous… 26… 27… rien…

D’Argine. — Et remarquez que l’on se voyait tous les jours.

Marie-Thérèse. — Ah ! votre nom… (Lisant)… 30 juillet. Je n ai pas vu M. d’Argine aujourd’hui. (Tout en hésitant.) C’est la première fois… depuis huit jours… depuis le 22…

D’Argine, vivement. — Il y a cela ?

Marie-Thérèse, étonnée. — Il y a cela.

D’Argine. — Faites-moi voir ces mots… j’aurais plaisir…

Marie-Thérèse, sans répondre. — Ah ! voilà qui promet ! (Lisant.) Lequel me plaît davantage ? Becqueray, Lusson ou M. d’Argine ? (Parcourant.) Lusson est très gai, très en train, etc… Becqueray a des qualités sportives, il est fort, il est beau, trop beau.

D’Argine. — Eh ! bien, et moi ?

Marie-Thérèse. — Je n’ai pas achevé.

D’Argine. — Pourquoi ?

Marie-Thérèse. — Je ne sais.

D’Argine, doucement. — Et qui vous plaisait le plus ?

Marie-Thérèse, lisant machinalement pour cacher son embarras. — 8 août. C’est tout de même bon de vivre. Tantôt, sur la falaise, le vent nous caressait le visage, un vent frais, tout baigné de mer. J’étais ivre de force, de santé, de lumière, de bonheur. Ah ! la nature seule peut nous donner de telles émotions ! M. d’Argine marchait près de moi… (Un silence. Elle essaie de rire.) Toujours concise à votre égard… Peu de paroles…