Marie-Thérèse. — Voulez-vous que je lise une page ou deux de mon cahier ?
D’Argine. — Je n’attends que cela ! Consultons l’agenda.
Marie-Thérèse. — À quelle page ? Une date au hasard ?… Vite…
D’Argine, cherchant. — Au hasard ! Vous me prenez au dépourvu… Rien n’est difficile…
Marie-Thérèse. — Mais dépêchez-vous.
D’Argine, triomphant. — Le 18 brumaire !
Marie-Thérèse. — Non, voyons, soyez sérieux…
D’Argine, se reprenant. — Je veux dire le 2 décembre.
Marie-Thérèse. — Mais nous ne sommes qu’en octobre. Que vous êtes ennuyeux ! Vite…
D’Argine. — Eh bien ! le 16 mai ; ah ! c’est une date, cela !
Marie-Thérèse, cherchant. — Le 16 mai… le 16 mai… Ah ! voilà… Mardi. 16 mai, le matin aux Acacias, avec maman. Déjeuner, courses, modiste, lingerie, couturière, Louvre, Salon des Champs-Élysées, thé, visites, dîner, Opéra-Comique.
D’Argine. — Mais c’est navrant, une journée absolument vide.
Marie-Thérèse. — Une autre date ?
D’Argine. — Eh bien…eh bien… le 14 juillet !
Marie-Thérèse. — 14 juillet, nous étions à Étretat : 14 juillet, promenade à cheval et bain ; de 11 heures à midi, réaction ; deux heures, bicyclette ; cinq heures, tennis ; neuf heures, danse.
D’Argine. — Le repos le plus mortel ! Le farniente !
Marie-Thérèse. — Ne suis-je pas à plaindre ? Car enfin, sans être bien exigeante, j’es-