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ver votre fils… je vous le jure… votre fils ne mourra pas, vous entendez… il n’y a pas de force au monde qui puisse faire que, moi vivant, l’on touche à la tête de votre fils.

— Je vous crois… J’ai confiance en votre parole.

— Ayez confiance… c’est la parole d’un homme qui ne connaît pas la défaite. Je réussirai. Seulement, je vous supplie de prendre un engagement irrévocable.

— Lequel ?

— Vous ne verrez plus Daubrecq.

— Je vous le jure !

— Vous chasserez de votre esprit toute idée, toute crainte… si obscure soit-elle, d’un accord entre vous et lui… d’un marché quelconque…

— Je vous le jure.

Elle le regardait avec une expression de sécurité et d’abandon absolu, et, sous son regard, il éprouvait l’allégresse de se dévouer, et le désir ardent de rendre à cette femme le bonheur, ou, tout au moins, la paix et l’oubli qui ferment les blessures.

— Allons, dit-il en se levant, et d’un ton joyeux, tout ira bien. Nous avons deux mois, trois mois devant nous. C’est plus qu’il n’en faut… à condition, bien entendu, que je sois libre de mes mouvements. Et pour cela, voyez-vous, vous devez vous retirer de la bataille.

— Comment ?

— Oui, disparaître pendant quelque temps, vous installer à la campagne. D’ailleurs, n’avez-vous pas pitié de votre petit Jacques ? À ce jeu-là, on lui démolirait les nerfs, au pauvre gosse… Et vrai, il a bien gagné son repos… N’est-ce pas, Hercule ?

Le lendemain, Clarisse Mergy, que tant d’événements avaient abattue et qui, elle aussi, sous peine de tomber malade, avait besoin d’un peu de répit, prenait pension avec son fils chez une dame de ses amies dont la maison s’élevait à la lisière même de la forêt de Saint-Germain. Très faible, le cerveau obsédé de cauchemars, en proie à des troubles nerveux que la moindre