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Affolés, ils sont accourus chez moi, où ils étaient déjà venus, et m’ont appris l’affreuse nouvelle. Gilbert était en prison ! Ah ! l’effroyable nuit ! Que faire ? Vous chercher ? Certes, et implorer votre secours ! Mais où vous retrouver ? C’est alors que Grognard et Le Ballu, acculés par les circonstances, se décidèrent à m’expliquer le rôle de leur ami Vaucheray, ses ambitions, son dessein longuement mûri…

— De se débarrasser de moi, n’est-ce pas ? ricana Lupin.

— Oui, Gilbert ayant toute votre confiance, il surveillait Gilbert et, par là, il connut tous vos domiciles. Quelques jours encore, une fois possesseur du bouchon de cristal, maître de la liste des vingt-sept, héritier de la toute puissance de Daubrecq, il vous livrait à la police, sans que votre bande, désormais la sienne, fût seulement compromise.

— Imbécile ! murmura Lupin… un sous-ordre comme lui !

Et il ajouta :

— Ainsi donc, les panneaux des portes…

— Furent découpés par ses soins, en prévision de la lutte qu’il entamait contre vous et contre Daubrecq, chez qui il commença la même besogne. Il avait à sa disposition une sorte d’acrobate, un nain d’une maigreur extrême auquel ces orifices suffisaient et qui surprenait ainsi toute votre correspondance et tous vos secrets. Voilà ce que ses deux amis me révélèrent. Tout de suite j’eus cette idée ! me servir, pour sauver mon fils aîné, de son frère, de mon petit Jacques, si mince lui aussi et si intelligent, si brave comme vous avez pu le voir. Nous partîmes dans la nuit. Sur les indications de mes compagnons, je trouvai, au domicile personnel de Gilbert, les doubles clefs de votre appartement de la rue Matignon, où vous deviez coucher, paraît-il. En route, Grognard et Le Ballu me confirmèrent dans ma résolution, et je pensais beaucoup moins à vous demander secours qu’à vous reprendre le bouchon de cristal, lequel évidemment, s’il avait été découvert