Page:Leblanc - Le Bouchon de cristal, paru dans Le Journal, 25-09 au 09-11-1912.djvu/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il déchira cette seconde enveloppe. Elle contenait une feuille de papier, avec ces mots écrits en grosses majuscules :

Tout ce que vous faites est inutile et dangereux… Abandonnez la partie…

Victoire poussa un gémissement et s’évanouit. Quant à Lupin, il se sentit rougir jusqu’aux oreilles, comme si on l’eût outragé de la façon la plus grossière. Il éprouvait cette humiliation d’un duelliste dont les intentions les plus secrètes seraient annoncées à haute voix par un adversaire ironique.

D’ailleurs il ne souffla mot. Victoire reprit son service. Lui, il resta dans sa chambre, toute la journée, à réfléchir.

Le soir, il ne dormit pas.

Et il ne cessait de se répéter :

— À quoi bon réfléchir ? je me heurte à l’un de ces problèmes que l’on ne résout pas par la réflexion. Il est certain que je ne suis pas seul dans l’affaire, et que, entre Daubrecq et la police, il y a, outre le troisième larron que je suis, un quatrième larron qui marche pour son compte et qui me connaît, et qui lit clairement dans mon jeu. Mais quel est ce quatrième larron ? Et puis, est-ce que je ne me trompe pas ? Et puis… Ah ! zut… dormons !

Mais il ne pouvait dormir, et une partie de la nuit s’écoula de la sorte.

Or, vers quatre heures du matin, il lui sembla entendre du bruit dans la maison. Il se leva précipitamment, et, du haut de l’escalier, il aperçut Daubrecq qui descendait le premier étage et se dirigeait ensuite vers le jardin.

Une minute plus tard le député, après avoir ouvert la grille, rentra avec un individu dont la tête était enfouie au fond d’un vaste col de fourrure, et le conduisit dans son cabinet de travail.

En prévision d’une éventualité de ce genre, Lupin avait pris ses précautions. Comme les fenêtres du cabinet et celles de sa chambre, situées toutes deux derrière la