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domestique, condition imposée par Daubrecq, qui préférait réduire les chances d’être espionné.

Comme, en dernier lieu, elle était placée chez un membre du Parlement, le comte Saulevat, Daubrecq téléphona aussitôt à son collègue. L’intendant du comte Saulevat donna sur elle les meilleurs renseignements. Elle fut engagée.

Dès qu’elle eut apporté sa malle, elle se mit à l’ouvrage, nettoya toute la journée et prépara le repas.

Daubrecq dîna et sortit.

Vers onze heures, la concierge étant couchée, elle entre-bâilla avec précaution la grille du jardin. Un homme approcha.

— C’est toi ? dit-elle.

— Oui, c’est moi, Lupin.

Elle le conduisit dans la chambre qu’elle occupait au troisième étage, sur le jardin, et, tout de suite, elle se lamenta :

— Encore des trucs, et toujours des trucs ! Tu ne peux donc pas me laisser tranquille, au lieu de m’employer à des tas de besognes.

— Que veux-tu, ma bonne Victoire[1], quand il me faut une personne d’apparence respectable et de mœurs incorruptibles, c’est à toi que je pense. Tu dois être flattée.

— Et c’est comme ça que tu t’émeus ! s’écria-t-elle. Tu me jettes une fois de plus dans la gueule du loup, et ça te fait rigoler.

— Qu’est-ce que tu risques ?

— Comment… ce que je risque ! Tous mes certificats sont faux.

— Les certificats sont toujours faux.

— Et si M. Daubrecq s’en aperçoit ? S’il se renseigne ?

— Il s’est renseigné.

— Hein ! Qu’est-ce que tu dis ?

— Il a téléphoné à l’intendant du comte Saulevat, chez qui, soi-disant, tu as eu l’honneur de servir.

— Tu vois, je suis fichue.

— L’intendant du comte n’a pas tari d’éloges à ton propos.

  1. Voir les volumes précédents.