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belot précieux, aucun papier important, qui eût pu expliquer la visite, puis la disparition soudaine de la femme. Et cependant, pourquoi cette fuite inexplicable ?…

— Il n’y a pas eu de téléphone aujourd’hui ? demanda-t-il.

— Non.

— Pas de lettre ce soir ?

— Si. Une lettre par le dernier courrier.

— Donne.

— Je l’ai mise, comme d’habitude, sur la cheminée de monsieur.

La chambre de Lupin était contiguë au salon, mais Lupin avait condamné la porte qui faisait communiquer les deux pièces. Il fallut donc repasser par le vestibule.

Lupin alluma l’électricité et, au bout d’un instant, déclara :

— Je ne vois pas…

— Si… Je l’ai posée près de la coupe.

— Il n’y a rien du tout.

— Monsieur cherche mal.

Mais Achille eut beau déplacer la coupe, soulever la pendule, se baisser… la lettre n’était pas là.

— Ah ! cré nom… cré nom… murmura-t-il. C’est elle… c’est elle qui l’a volée… et puis quand elle a eu la lettre, elle a fichu le camp… Ah ! la garce…

Lupin objecta :

— Tu es fou ! Il n’y a pas de communication entre les deux pièces.

— Alors, qui voulez-vous que ce soit, patron ?

Ils se turent tous les deux. Lupin s’efforçait de contenir sa colère et de rassembler ses idées.

Il interrogea :

— Tu as examiné cette lettre ?

— Oui.

— Elle n’avait rien de particulier ?

— Rien. Une enveloppe quelconque, avec une adresse au crayon.

— Ah !… au crayon ?

— Oui, et comme écrite en hâte, griffonnée plutôt.