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— Non.

— Bigre, monsieur, vous n’avez pas la mémoire longue, ni la conscience bien délicate. Vous ne vous rappelez donc pas vos engagements d’hier ?

— Hier, je me suis engagé vis-à-vis d’un monsieur Nicole.

— Eh bien ?

— Vous n’êtes pas monsieur Nicole.

— En vérité. Et qui suis-je donc ?

— Dois-je vous l’apprendre ?

M. Nicole ne répondit pas, mais il se mit à rire tout doucement, comme s’il eût jugé avec satisfaction le tour singulier que prenait l’entretien, et Prasville éprouva une inquiétude confuse en voyant cet accès de gaieté. Il serra la crosse de son arme et se demanda s’il ne devrait pas appeler du secours.

M. Nicole poussa sa chaise tout près du bureau, posa ses deux coudes sur les papiers, considéra son interlocuteur bien en face et ricana :

— Ainsi, monsieur Prasville, vous savez qui je suis, et vous avez l’aplomb de jouer ce jeu avec moi ?

— J’ai cet aplomb, dit Prasville qui soutint le choc sans broncher.

— Ce qui prouve que vous me croyez, moi, Arsène Lupin… prononçons le nom… oui, Arsène Lupin… ce qui prouve que vous me croyez assez idiot, assez poire, pour me livrer ainsi pieds et poings liés ?

— Mon Dieu ! plaisanta Prasville, en tapotant le gousset où il avait enfoui le globe de cristal, je ne vois pas trop ce que vous pouvez faire, monsieur Nicole, maintenant que l’œil de Daubrecq est là, et que, dans l’œil de Daubrecq, se trouve la liste des vingt-sept.

— Ce que je peux faire ? répéta M. Nicole avec ironie.

— Eh oui ! le talisman ne vous proté-