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chant que Clarisse Mergy avait surpris une lettre de lui par laquelle il demandait à un fabricant anglais « d’évider le cristal à l’intérieur de façon à laisser un vide qu’il fût impossible de soupçonner », Daubrecq devait, par prudence, détourner les recherches. Et c’est ainsi qu’il fit faire, sur un modèle fourni, un bouchon de cristal « évidé à l’intérieur ». Et c’est après ce bouchon de cristal que vous et moi nous courons depuis des mois, et c’est ce bouchon de cristal que j’ai déniché au fond d’un paquet de tabac… alors qu’il fallait…

— Alors qu’il fallait… ? questionna Prasville intrigué.

M. Nicole pouffa de rire.

— Alors qu’il fallait tout simplement s’en prendre à l’œil de Daubrecq, à cet œil « évidé à l’intérieur de façon à former une cachette invisible et impénétrable », à cet œil que voici.

Et M. Nicole, sortant de nouveau l’objet de sa poche, en frappa la table à diverses reprises, ce qui produisit le bruit d’un corps dur.

Prasville, confondu, murmura :

— Un œil de verre !

— Mon Dieu, oui, s’écria M. Nicole, qui riait de plus belle, un œil de verre ! un vulgaire bouchon de carafe que le brigand s’était introduit dans l’orbite à la place d’un œil mort, un bouchon de carafe, ou, si vous préférez, un bouchon de cristal, mais le véritable, cette fois, qu’il avait truqué, qu’il protégeait derrière le double rempart d’un binocle et de lunettes, et qui contenait et qui contient encore le talisman grâce auquel Daubrecq travaillait en toute sécurité.