Page:Leblanc - Le Bouchon de cristal, paru dans Le Journal, 25-09 au 09-11-1912.djvu/258

Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’est un de trop. Hop là ! Non, mais, Clarisse, regardez celui-là qui roule sur le tapis. Attention, œil de Daubrecq ! Gare à la salamandre !

M. Nicole, qui s’était levé et qui simulait une chasse à travers la pièce, se rassit, sortit un objet de sa poche, le fit rouler dans le creux de sa main, comme une bille, le fit sauter en l’air comme une balle, le remit en son gousset et déclara froidement :

— L’œil gauche de Daubrecq.

Prasville était abasourdi. Où voulait donc en venir son étrange visiteur ? et que signifiait toute cette histoire ? Très pâle, il prononça :

— Expliquez-vous ?

— Mais c’est tout expliqué, il me semble. Et c’est tellement conforme à la réalité des choses ! tellement conforme à toutes les hypothèses que je faisais malgré moi, depuis quelque temps, et qui m’auraient conduit fatalement au but si ce satané Daubrecq ne m’en avait détourné si habilement. Eh oui, réfléchissez… suivez la marque de mes suppositions : « Puisqu’on ne découvre la liste nulle part en dehors de Daubrecq, me disais-je, c’est que cette liste ne se trouve pas en dehors de Daubrecq. Et puisqu’on ne la découvre point dans les vêtements qu’il porte, c’est qu’elle se trouve cachée plus profondément encore, en lui-même, pour parler plus clairement, à même sa chair… sous sa peau. »

— Dans son œil peut-être ? fit Prasville en plaisantant.

— Dans son œil, monsieur le secrétaire général, vous avez dit le mot juste.

— Quoi ?

— Dans son œil, je le répète. Et c’est une vérité qui aurait dû logiquement me venir à l’esprit, au lieu de m’être révélée par le hasard. Et voici pourquoi. Daubrecq, sa-