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— Eh bien ! vrai… Il en a du culot, celui-là, non, mais, quel culot !

Sur la carte de visite qu’il tenait en main, il y avait cette inscription :

Monsieur Nicole
Professeur libre, licencié ès lettres.


XIII. — La dernière bataille.


En regagnant son cabinet, Prasville reconnut dans la salle d’attente, assis sur une banquette, le sieur Nicole, avec son dos voûté, son air souffreteux, son parapluie de cotonnade, son chapeau bossué et son unique gant.

— C’est bien lui, se dit Prasville, qui avait craint un instant que Lupin ne lui eût dépêché un autre sieur Nicole. Et s’il vient en personne, c’est qu’il ne se doute nullement qu’il est démasqué.

Et, pour la troisième fois, il prononça :

— Tout de même, quel culot !

Il referma la porte de son cabinet et fit venir son secrétaire.

— Monsieur Lartigue, je vais recevoir ici un personnage assez dangereux et qui, selon toute probabilité, ne devra sortir de mon cabinet que le cabriolet aux mains. Aussitôt qu’on l’aura introduit, veuillez prendre toutes les dispositions nécessaires, avertir une douzaine d’inspecteurs, et les poster dans l’antichambre et dans votre bureau. La consigne est formelle : au premier coup de sonnette, vous entrez tous, le revolver au poing, et vous entourez le personnage. C’est compris ?

— Oui, monsieur le secrétaire général.

— Surtout, pas d’hésitation. Une entrée brusque, en masse, et le browning au poing. « À la dure », n’est-ce pas ? Faites venir le sieur Nicole, je vous prie.

Dès qu’il fut seul, Prasville, à l’aide de quelques papiers, cacha le bouton de la