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Pendant ce temps, insouciante du danger, une escouade d’agents, d’inspecteurs et de soldats se ruaient sur la maison, une petite maison à trois étages, de construction déjà ancienne, et dont le rez-de-chaussée était occupé par deux boutiques fermées à cette heure. Tout de suite, dès le premier coup de feu, on avait vu confusément, à l’une des fenêtres du deuxième étage, un homme qui tenait un fusil en main, et qu’un nuage de fumée entourait.

On tira, sans l’atteindre, des coups de revolver. Lui, tranquillement monté sur une table, épaula une seconde fois, visa, et la détonation claqua.

Puis il rentra dans la chambre.

En bas, comme personne ne répondait à l’appel de la sonnette, on démolissait la porte qui, en quelques instants, fut abattue.

On se précipita dans l’escalier, mais, aussitôt, un obstacle arrêta l’élan. C’était, au premier étage, un amoncellement de fauteuils, de lits et de meubles qui formaient une véritable barricade et qui s’enchevêtraient si bien les uns dans les autres qu’il fallut aux assaillants quatre ou cinq minutes pour se frayer un passage.

Ces quatre ou cinq minutes perdues suffirent à rendre vaine toute poursuite. Quand on parvint au deuxième, on entendit une voix qui criait d’en haut :

— Par ici, les amis ! encore dix-huit marches. Mille excuses pour tout le mal que je vous donne !

On les monta, ces dix-huit marches, et avec quelle agilité ! Mais, en haut, au-dessus du troisième étage, c’était le grenier, le grenier auquel on accédait par une échelle et par une trappe. Et le fugitif avait emporté l’échelle et refermé la trappe.

On n’a pas oublié le tumulte soulevé par cet acte inouï, les éditions des journaux se