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peine par le moyen de la grâce. La grâce est une chose légale.

— La commission des grâces s’est prononcée…

— Soit, mais il reste le Président de la République.

— Il a refusé.

— Qu’il revienne sur son refus.

— Impossible !

— Pourquoi ?

— Il n’y a pas de prétexte.

— Il n’est pas besoin de prétexte. Le droit de grâce est absolu. Il s’exerce sans contrôle, sans motif, sans prétexte, sans explication. C’est une prérogative royale. Que le Président de la République en use selon son bon plaisir, ou plutôt selon sa conscience, au mieux des intérêts de l’État.

— Mais il est trop tard ! Tout est prêt. L’exécution doit avoir lieu dans quelques heures.

— Une heure vous suffit pour avoir la réponse, vous venez de nous le dire.

— Mais c’est de la folie, sacrebleu ! Vos exigences se heurtent à des obstacles infranchissables. Je vous le répète, c’est impossible, matériellement impossible.

— Alors, c’est non ?

— Non, non, mille fois non !

— En ce cas nous n’avons plus qu’à nous retirer.

Elle esquissa un mouvement vers la porte. M. Nicole la suivit.

D’un bond, Prasville leur barra la route.

— Où allez-vous ?

— Mon Dieu, cher ami, il me semble que notre conversation est terminée. Puisque vous estimez, puisque vous êtes sûr que le Président de la République estimera que cette fameuse liste des vingt-sept ne vaut pas…

— Restez, dit Prasville.

Il ferma d’un tour de clef la porte de